Pascal BONIFACE par Michel Vagner
(Est républicain, 15 octobre 2008) La crise financière a durablement installé le candidat démocrate en tête des sondages. Le troisième et dernier débat, ce soir, peut-il encore changer la donne ?
Pour la première fois depuis le début de la campagne, les sondages placent désormais Barack Obama en tête dans toutes les catégories d'âge, y compris les plus de 65 ans. Et presque deux tiers des personnes interrogées disent avoir une opinion favorable du candidat démocrate, qui a gagné, sur cette question, six points depuis septembre. Plus significatif encore : sur l'économie, qui s'est imposée à cause de la crise financière comme le thème-clé de l'élection, le sénateur de l'Illinois domine largement son adversaire républicain, dans une proportion des deux tiers. 59 % des sondés jugent en outre que John McCain se concentre surtout sur les attaques, au détriment des vrais enjeux.
Directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), Pascal Boniface analyse cette avance que rien ne semble devoir freiner, à l'occasion de la sortie de son livre, conçu avec Charlotte Lepri : « 50 idées reçues sur les États-Unis » (Hachette Littératures).
Une 51e idée reçue n'est-elle pas en train d'être balayée, celle selon laquelle un Noir ne pourra jamais accéder à la Maison Blanche ?
Tant que les urnes n'auront pas rendu leur verdict, on ne peut pas être sûr. Mais l'hypothèse d'une victoire de Barack Obama ne peut plus être écartée. Elle devient même de plus en plus crédible, même si on sait qu'un certain nombre d'électeurs hésiteront à voter pour lui, quelles que soient les circonstances, à cause de la couleur de sa peau.
Qu'est-ce qui pourrait contrecarrer la tendance actuelle ?
On a toujours pensé que les facteurs économiques allaient jouer en faveur d'Obama, et que s'il y avait une crise stratégique majeure, cela pourrait remettre John McCain en selle. Mais à moins d'une grave dégradation de la situation internationale, de combats militaires au Proche-Orient, du côté de l'Iran, je vois mal ce qui pourrait permettre au candidat républicain de renverser la vapeur sauf à croire à une très grande dissimulation des intentions de vote qui se portent aujourd'hui sur Barack Obama.
Ce soir se tient le troisième et dernier entre les deux candidats. John McCain peut-il en profiter ?
Barack Obama se retrouve dans la situation d'une équipe de football qui mène au score et qui ne doit pas faire d'erreur pour ne pas perdre la partie. S'il joue la prudence et ne commet pas de bévue ou d'impair, son adversaire John McCain aura du mal à l'emporter.
À l'inverse de 2004, où les publicités négatives sur John Kerry lui avaient coûté des voix, Obama semble épargné par la virulence des spots républicains qui se retournent parfois contre leurs auteurs. Pourquoi ?
Peut-être qu'Obama est plus à l'aise pour répondre que ne l'était John Kerry. Il a pris frontalement les attaques personnelles et les a renvoyées comme un boomerang, avec d'autant plus d'efficacité que John McCain ne pouvait pas abonder dans leur sens : il lui était difficile d'approuver tout ce qui concerne la prétendue religion de son rival, ou sa couleur de peau, sauf à perdre du soutien.
Qu'est-ce qui reste dans l'opinion de cette insistance des républicains à appuyer sur le deuxième prénom de Barack Hussein Obama ?
Des Américains sont toujours persuadés qu'Obama est de confession musulmane alors qu'il est chrétien. Mais cette croyance est surtout partagée par ceux qui, de toute façon, n'auraient pas voté pour lui. Cela ne changera pas fondamentalement les choses le jour du scrutin. C'est la différence avec John Kerry : les insinuations sur son comportement pendant la guerre du Vietnam atteignaient des gens qui auraient pu le soutenir et ont été trompés.
La crise financière, qui a profité à Obama, semble s'apaiser. Cela peut-il avoir des conséquences ?
Même s'il y a une relative accalmie sur les places financières, l'alerte n'aura pas été oubliée. Il n'en restera pas moins que de nombreux Américains souffrent encore, que beaucoup ont perdu leur maison. L'impuissance avec laquelle George W. Bush, à la remorque des événements, a géré la crise, ne plaide pas en faveur des républicains et McCain n'a pas donné l'impression qu'il avait des solutions différentes ou originales.
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